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CRITIQUES DE PRESSE
De Sciences-Po au Stand-up
Il rêvait de journalisme et fit du stand-up. Mais, à sa façon, l’humoriste David Azencot parle d’actu.
Inflammable. « C’est raccord avec moi car je suis juif, donc combustible. » Sur scène, David Azencot justifie ainsi ce titre, qui donne d’emblée le ton d’un spectacle à l’ironie mordante. Terrorisme, religions, intégrisme… Le sourire narquois aux lèvres, le quadragénaire allume tous azimuts. A la fois noir, absurde et trash, l’humour du fan de Pierre Desproges et des Nuls n’a rien de consensuel. S’il a toujours fait rire famille et copains, monter sur les planches n’a jamais été l’objectif de ce bon élève passionné de mots, qui se rêvait plutôt journaliste. Avec son diplôme de Sciences-Po, David Azencot est en effet très loin du cliché du cancre devenu comique.
Arrivé par hasard dans la pub en 1999, il en repart par lassitude neuf ans après et retourne à ses premières activités : l’écriture de textes pour la radio et la réalisation de courts métrages. Mais toujours aucune envie de faire du Stand-Up. Pourquoi alors s’inscrire au Cours Florent ? « Je voulais juste apprendre à diriger les acteurs. » Peu à peu, pourtant, s’insinue l’envie d’interpréter ses propres textes. Après deux spectacles inspirés de son expérience dans la pub, David Azencot entend partager ses doutes, ses colères, ses interrogations. Une manière d’unir actualité et humour. Comme pour (ré)concilier le journaliste qu’il rêvait d’être et l’humoriste qu’il est devenu.
-M.B.
« Inflammable » de David Azencot
Décontracté, David Azencot allume le feu sur la toile avec son spectacle enregistré à l’Européen, à Paris, en 2019 qu’il vient de mettre en ligne. « Ca ne parle donc pas du Coronavirus : ça vous fera des vacances », prévient ce « publicitaire repenti » diplômé de Sciences-Po. Dirigé par sa consœur Olivia Moore (« Mère indigne »), l’humoriste raconte qu’il était un enfant asthmatique. C’est « comme être allergique au Gluten, sauf que la, c’est vrai ». Suite à des propos non politiquement corrects, il s’est fait épingler sur internet. Dans un train, il s’est exclamé : « Mon wagon est plein d’enfants. Ou sont les terroristes quand on a besoin d’eux ? » Au sujet de Charles Aznavour : « C’était un personnage controversé. Il a eu des problèmes avec les impôts. Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer qu’il était mort juste avant le prélèvement à la source. » David Azencot ne s’interdit rien. La « mode » de la burka, les juifs, l’Arabie Saoudite, notre rapport aux animaux ou la reproduction d’enfants. « Il faut arrêter de voir le mal partout », assure ce génial petit frère de Gaspard Proust. En faisant le contraire ;
Nathalie Simon
Par Bénédicte Agoudetsé
Il annonce la couleur : »Je suis juif, combustible, c’est pourquoi j’ai baptisé mon spectacle Inflammable ». Avec David Azencot, noir c’est vraiment très noir. L’ex publicitaire décoiffé qui a un avis sur tout est prêt à s’amuser avec des vannes d’un cynisme des plus sombres, féroce, sans limites. Ça fuse, ça fuse, ça fuse, au deuxième, troisième voire au quatrième degré. Le comique sort son bazooka et torpille tous les sujets qui fâchent, en usant toutes les minutes d’un vocabulaire des plus triviaux.
Florilège. Les migrants ? « C’est comme les enfants, ça me touche, mais je n’ai pas envie d’en avoir chez moi ». Le nazisme ? « Dieu n’a rien vu a ce moment-là, il a cligné des yeux, en même temps c’est normal avec toute cette fumée… » Les enfants : « Il y en a plein mon wagon. Où sont les terroristes ? » Les élections ? « L’abstinent ne veut plus faire l’amour, l’abstentionniste ne veux plus se faire b… » La pédophilie : « Un truc à attraper la varicelle. » Azencot, il est comme le café Turc. Sans filtre.
2 « TT » décernés par Télérama, les éloges du Parisien et de La Provence… David Azencot est dans les petits papiers de la presse nationale, mais se produit pourtant encore dans des salles – indispensables – dédiées aux « nouveaux talents » comme le Sentier des Halles à Paris, où il joue actuellement. Après avoir vu son spectacle habilement mis en scène par Olivia Moore, on l’imagine aisément sur la scène de l’Olympia… Il a tout pour enflammer le public, à commencer par son audace à faire rire de sujets trash – rien là de particulièrement original, c’est le lot de nombre de ses contemporains, de Gaspard Proust à Fabrice Éboué – mais avec sens. Pas le sens de la vanne, qu’il maîtrise à merveille, mais celui de l’humanité.
On ne vous dévoilera pas toutes les facettes d’Inflammable, sachez juste que vous pourrez découvrir grâce à David Azencot un très ingénieux plan de paix israélo-palestinien imaginé par le Portugal, pourquoi les 4×4 portent-ils tous des noms de peuplades exterminées, pourquoi aimer les animaux c’est bien, mais se faire sodomiser par son chien, ça ne se fait pas, quel rapport y-a-t’il entre les enfants et les migrants, et pourquoi nous devons être plus conscients de ce que nous faisons de notre planète, en particulier en mangeant des petits veaux.
Il y a beaucoup d’humour juif dans l’écriture de David Azencot. Non parce qu’il aborde (aussi) des sujets liés à la question juive dans Inflammable, mais parce que son travail est empli de dérision, de réflexion, d’universalisme et de pessimisme. Son cocktail brûlant nous a fait rire à gorge déployée. Quitte à s’étrangler un peu par moments.
Alain Granat
David Azencot – Inflammable
Du terrorisme aux religions en passant par le nazisme, aucun sujet même le plus « inflammable » ne semble faire peur à David Azencot. La pédophilie ? « Un truc à attraper la varicelle ». Les migrants ? « C’est comme les enfants, ça me touche, mais je n’ai pas envie d’en avoir chez moi. » Il y a du Gaspard Proust chez cet ancien publicitaire devenu humoriste. Car l’ironie cinglante sous-tend le plus souvent un propos, une réflexion. Avec son sourire narquois et juste ce qu’il faut de distance dans le jeu, David Azencot permet au rire de toujours l’emporter sur le malaise. Un artiste donc à découvrir sans tarder. Une seule condition : savoir (pouvoir) s’amuser de tout.
Aix-En-Provence Culture
L’humour incendiaire et citoyen de David Azencot
On a vu « Inflammable » qu’il joue à la Fontaine d’Argent jusqu’à samedi
C’est un porte-flingue de l’humour. Entendez par là qu’il ne mâche pas ses mots, qu’il dégaine plus vite qu’il n’en faut pour le dire, et que ses cibles privilégiées demeurent les racismes ordinaires, les crétins crépusculaire, les vendeurs d’idées reçues, les imposteurs et les tartuffes, les idéologues et les fanatiques, quelles qu’en soient d’ailleurs leurs nationalités, leurs religions et leurs croyances divers.
Il est comme ça David Azencot. Impertinent, libre, frondeur, il déteste l’esprit de chapelle., les théoriciens voyant des complots partout, le gaz de schistes, et surtout les nostalgiques de la France collaborationniste. Drôle, courageux, doté de cette présence scénique dont seuls les authentiques comédiens peuvent se targuer, à la fois acteur et auteur il propose avec son show d’aborder tous les sujets sociétaux qui fâchent et qui divisent. Tous ces sujets qu’il qualifie d’inflammables et qu’il conviendrait, paraît-il, de manier avec précaution.
Véritable teigne, au sens du compliment, l’humoriste ne prend justement aucune précaution. Pour parler de la violence faite aux animaux, lui le flexitarien, précise qu’on en tue à travers le monde environ 70 milliards par an pour se nourrir. Et s’il n’enfile aucun gant du politiquement correct, c’est pour mieux le jeter volontiers à la figure des massacreurs de la nature, et d’humains. Détestant la nostalgie, parlant avec tendresse et ironie de son enfance et de ses racines juives : « Je suis asthmatique. Être asthmatique, c’est comme être allergique au gluten, sauf que c’est vrai », dit-il avant d’ajouter : « Israël a dépassé un peu au niveau du cadastre », David Azencot écrit aussi bien qu’il est irrévérencieux avec le puissant décideurs qui contrôlent nos vies, via Internet et le maniement sans vergogne de l’intelligence artificielle. Et de terminer en lançant dans une salle de la Fontaine d’Argent visiblement émue :
« Sur les défenses des éléphants, L’obsolescence programmée. Sur le niveau des océans, Sur toute ces terres confisquées, j’écris ton nom. (…) Sur les Royingya, Cambodgiens Les Herero et le Tutsis, Sur les Bosniaques, les Arméniens. Les Ashkénazes et la Syrie, J’écris ton nom… Humanité ».
Un poème de son cru en forme de clin d’œil à celui de Paul Eluard, où transparaissent son amour des gens et son combat pour la cause des peuples.
Jean-Rémi Barland